il n’ose en toucher un grain, préférant, avare, se
nourrir d’herbes amères. Il a dans ses celliers
mille tonneaux de Chio et de vieux Falernum,
non pas mille, ce ne serait rien, mais trois cent
mille, et il boit du vinaigre ! plus encore, il couche sur la litière,
âgé de soixante-dix-neuf ans,
pendant que tapis et couvertures, mangés par les
mites et les vers, pourrissent dans son coffre ; et
cependant quelques-uns seulement le tiendront
pour insensé, attendu que la plus grande partie des
hommes est travaillée de la même maladie. Est-ce
afin que ton fils, ou un affranchi, ton héritier, absorbe tes richesses, que tu les gardes ainsi, vieillard
ennemi des Dieux ? ou de peur qu’il te manque
quelque chose ? De combien peu la somme totale
serait-elle diminuée si tu mettais de meilleure
huile dans tes choux, ou sur ta tête fort sale et non
peignée ? Pourquoi, si peu te sufliit, te parjures-tu,
escroques-tu, voles-tu de tous les côtés ? As-tu ton
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Apparence
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livre ii, satire iii.