Ne rien admirer, c’est peut-être la seule façon, Numicius, l’unique, d’être et de rester heureux. Il en est qui regardent, sans en être aucunement troublés, le soleil, les étoiles et la succession régulière des saisons. Que penses-tu des présents de la terre, des richesses que donne la mer aux Arabes et aux Indiens éloignés ? des jeux, des applaudissements, de la faveur du Quirite bienveillant ? Comment considérer cela et que faut-il en croire ?
Celui qui craint le contraire de ces choses les
admire presque autant que celui qui les désire. Le
trouble est le même des deux côtés quand on se
trouve en face de l’imprévu. Qu’on se réjouisse ou
qu’on se plaigne, qu’on désire ou qu’on craigne, peu
importe, si, les choses étant meilleures ou pires qu’on
ne les espérait, on reste les yeux fixes, l’esprit et