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livre i, épitre vii.

d’acheter un petit domaine. L’autre achète. Pour être bref, car je suis par trop long, de citadin il devient campagnard : il n’est plus question pour lui que de sillons et de vignes ; il émonde les ormeaux, il est accablé de soins, l’amour du gain le vieillit. Mais ses brebis sont enlevées par les voleurs, ses chèvres périssent de maladie, sa récolte trompe son espoir, son bœuf meurt en labourant. Désolé de ces pertes, il monte à cheval, au milieu de la nuit, et court irrité à la maison de Philippus. Celui-ci, le voyant jaune et mal peigné, lui dit : « Vultéius, tu ma semblés trop dur et trop peu attentionné pour toi-même. » — « Hélas ! patron, appelle-moi malheureux, et tu me donneras mon vrai nom. Par ton Génie domestique, par ta droite et tes Dieux Pénates, je te conjure et te supplie de me rendre à ma première vie. »

Quand on s’aperçoit que les biens délaissés valent mieux que ceux qu’on a désirés, il faut y