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livre ii, épitre i.

toutes les mains et présent à tous les esprits, comme s’il était nouveau ? Tant un vieux poëme est chose sacrée. Toutes les fois qu’il est question de savoir lequel est le premier, le vieux Pacuvius est tenu pour le plus savant, Accius pour le plus élevé. La toge d’Afranius eût convenu, dit-on, à Ménandrus ; Plautus est rapide comme le Siculien Épicharmus ; Cæcilius l’emporte pour la force et Térentius pour l’art. Ce sont ceux-là que la puissante Roma étudie et va entendre, entassée dans son étroit théâtre. Elle les compte au nombre de ses poëtes, depuis le siècle de l’écrivain Livius jusqu’à nos jours.

Parfois le vulgaire voit juste, et parfois il est dans l’erreur. S’il admire et vante les anciens poëtes au point de ne rien leur préférer, ni comparer, il se trompe. S’il pense qu’ils disent des choses quelquefois trop vieilles, presque toujours dures, et très-souvent lâches, il est sage et pense comme moi, et son jugement est équitable comme Jupiter. Je