civile me jeta inexpérimenté au milieu d’une armée qui ne pouvait lutter contre le bras de Cæsar Augustus. Dès que Pliilippi m’eut renvoyé, dépouillé de mes ailes coupées, de mon patrimoine et de mes Lares, la pauvreté m’inspira l’audace de faire des vers. Mais, aujourd’hui que rien ne me manque, quelles ciguës suffiraient à me purger si je n’aimais mieux dormir qu’écrire des vers ?
Les années qui s’écoulent nous enlèvent sans cesse quelque chose de nous-mêmes. Elles m’ont enlevé les jeux, l’amour, les festins et leur joie. Voici qu’elles s’apprêtent à me ravir les poëmes. Que veux-tu que j’y fasse ?
Enfin, tous n’admirent pas et n’aiment pas les
mêmes choses. Tu te réjouis de l’ode, cet autre
est charmé par les iambes, et cet autre encore
par les satires et le sel noir de Bion. Il me semble
voir trois convives en dissentiment, dont le palais
diffère et demande des mets divers. Que donne-