Ce défaut est celui de tous les chanteurs, de ne
jamais se résoudre à chanter entre amis, quand ils
en sont priés, et de ne plus cesser quand on ne
leur dit rien. Tel était le Sarde Tigellius. Si Cæsar,
qui pouvait l’y forcer, le priait par l’amitié de son
père et par la sienne, il n’en tirait rien ; mais si
c’était son caprice, depuis les œufs jusqu’aux
pommes, il chantait : « Io Bacchus ! » de la voix la
plus aiguë à la plus grave du tétracorde. Rien de
plus inégal que cet homme. Souvent il courait
comme s’il fuyait l’ennemi, souvent il marchait
comme s’il portait les vases sacrés de Juno ; tantôt il avait deux cents esclaves, tantôt dix ; tantôt
il ne parlait pompeusement que de rois et de
tétrarques, tantôt il s’écriait : « Que j’aie seulement une table à trois pieds, une coquille de sel