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livre ii, épitre ii.


On possède par la balance et par l’argent, et aussi, selon les jurisconsultes, par l’usage. Le champ qui te nourrit est tien, et le fermier d’Orbius, lorsqu’il herse les sillons qui te donneront bientôt des blés, te reconnaît pour maître. Tu donnes de l’argent, tu reçois du raisin, des poulets, des œufs, un tonneau de vin ; et, de cette façon, tu achètes peu à peu un champ qui aura peut-être été payé trois cent mille sesterces, et même plus. En quoi diffère-t-il que tu vives d’un argent dépensé maintenant en détail, ou d’un coup autrefois. L’ancien acheteur du domaine d’Aricia et de Véiæ soupe de légumes achetés, bien qu’il pense le contraire ; il chauffe sa marmite, pendant la nuit glacée, avec du bois acheté ; mais il appelle sien ce qu’une rangée de peupliers limite et défend contre la convoitise du voisin ; comme si on possédait vraiment ce qui, dans un point de l’heure mobile, par prière, à prix d’argent, par force, ou par la mort qui est la fin suprême, change de maître