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livre i, satire iii.

temps et les fastes du monde, que c’est la crainte de l’injustice qui a inventé le droit. La nature ne distingue pas ce qui est juste de ce qui est inique, comme elle fait du plaisir qu’il faut chercher et des maux qu’il faut éviter. La raison ne prouvera jamais que le crime soit le même d’écraser les jeunes choux du jardin d’autrui ou de piller, la nuit, les temples des Dieux. Il faut une règle qui applique des peines équitables aux délits. Qui mérite la férule ne doit pas être horriblement déchiré par le fouet. Car je ne crains pas que tu punisses de la férule un crime digne d’un plus grand châtiment, puisque tu égales le vol au brigandage, et que tu retrancherais de la même faux les méfaits petits et grands, si les hommes te laissaient régner. Mais si le sage est seul riche, seul bon cordonnier, seul beau, il est roi. Pourquoi désirer ce que tu as ? Tu ne comprends pas, dit-il, ce que dit notre père Chrysippus : « Le sage