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satires.

bourgs. Comme je ne répondais rien, il me dit : « Tu voudrais bien t’échapper ; je le vois depuis longtemps ; mais tu n’en feras rien. Je te tiens et je te suivrai partout où tu iras. » — « Tu n’as que faire de tant marcher : je vais visiter quelqu’un qui ne t’est pas connu, bien loin au delà du Tibéris, près des jardins de Cæsar. » — « Je n’ai rien à faire et je ne suis point paresseux ; je te suivrai jusque-là. »

Je baisse les oreilles, comme un âne irrité, quand il a sur le dos un fardeau trop lourd. Lui recommence : « Si je me connais bien, tu m’aimeras autant que tes amis Viscus et Varius ; car qui peut écrire plus de vers et plus promptement que moi ? Qui peut mouvoir ses membres avec plus de grâce ? Hermogénès m’envie quand je chante. » C’était l’instant de l’interrompre : — « Tu as une mère, des parents qui s’inquiètent de ta vie ? » — « Non, personne ; je les ai tous enterrés. » — « Ils sont heureux ! moi, je vis. Achève-moi, car ma lamentable destinée s’accomplit, qu’une vieille divi-