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livre ii, satire iii.

nous sommes tous à peu près insensés, s’il y a quelque chose de vrai dans ce que répète Stertinius, de qui j’ai appris docilement ces admirables préceptes, dans le temps où il me consola en m’ordonnant de porter une barbe philosophique, et en me ramenant moins triste du pont Fabricius. Car, ayant mal fait mes affaires, et comme je voulais me jeter, la tête couverte, dans le fleuve, il s’approcha heureusement : — « Prends garde de rien faire d’indigne de toi. Une mauvaise honte, dit-il, te pousse, toi qui redoutes d’être tenu pour fou parmi les fous. Je te demanderai d’abord ce que c’est que la folie. Si elle n’est qu’en toi, plus un mot, meurs bravement. Celui que la funeste sottise, l’ignorance quelconque du vrai, pousse en aveugle, est déclaré insensé par le Portique et par le troupeau de Chrysippus. Cette formule s’applique aux peuples comme aux grands rois, sauf le sage. Maintenant sache comme quoi ceux qui