Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
livre ii, satire iii.

est fou d’acheter de vieilles statues ; mais celui qui fait crédit à Damasippus est-il plus sage ? Soit ! Si je te dis : « Prends ceci que tu ne me rendras jamais, » serais-tu insensé d’accepter ? ne le serais-tu pas davantage de repousser un butin que t’offre Mercurius ? Écris : « Reçu dix de Nérius. » Si ce n’est assez, ajoute cent formules de l’âpre Cicuta, ajoute mille autres chaînes ; ce Proteus scélérat échappera à toutes. Lorsque tu le traîneras en justice, il rira à tes dépens, il se fera tour à tour sanglier, oiseau, rocher, arbre, à son gré. Si mal conduire ses affaires est d’un fou, et les bien mener, d’un sage, le cerveau le plus malade, crois-moi, est celui de Périllius te dictant une obligation que tu ne pourras jamais remplir.

Que chacun ramène les plis de sa toge et m’écoute, celui qui pâlit d’ambition ou du désir de l’argent, celui qu’échauffe la luxure ou la superstition ou toute autre maladie de l’âme.