Lorsque son pied de la Crète aux cent villes
Toucha le sol : « Mon père, ô nom trahi
Par ton enfant ! dit-elle ; ô fureurs viles !
Honneur évanoui !
« D’ou viens-je ? Où suis-je ? Une mort pour mon crime
Ne suffit pas. Veillé-je en déplorant
L’acte commis, ou, digne encor d’estime,
Un mensonge flagrant,
« Un rêve, issu de la porte éburnine,
M’abuse-t-il ? Quoi ! pour les larges flots
J’ai pu laisser notre cueille enfantine
De boutons frais éclos ?
« Ce taureau fourbe, à ma haine sans bornes
Qu’il soit livré, je le meurtris d’un fer ;
Dans un effort, oui, je te romps les cornes,
Monstre qui me fus cher !
« Lâche, j’ai fui la maison paternelle !
Lâche, à mourir j’hésite. Oh ! si des dieux
Un seul m’entend, contre moi qu’il appelle
Des lions furieux.
« Avant qu’ici mon teint se décolore
Et que la faim dessèche mes appas,
Je veux d’un tigre, en ma splendeur encore
Former le gai repas.
« Infâme Europe, un père absent te crie :
Meurs ! qu’attends-tu ? Pour terminer tes jours,
Sous cet ormeau ta ceinture flétrie
Te servira toujours.
Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/151
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