Que bien il cueille et la poire greffée
Et le raisin aux tons pourpreux !
Ô bon Priape, ô Sylvain tutélaire,
Il vous les offre avec raison.
Veut-il l'abri d'un chêne séculaire,
Préfère-t-il l'épais gazon:
L'eau qui bondit entre ses hautes rives,
Le chant des oiseaux bocagers,
Quelque fontaine à cadences plaintives,
Tout l’invite aux sommes légers.
Dès que l'hiver ramène pluie et neiges,
Au gré de Jupiter tonnant,
Lâchant sa meute, il pousse dans ses pièges.
Le sanglier entreprenant.
D'amples réseaux sur de fines baguettes
Lui livrent le tourde glouton;
En ses lacets tombent, douces conquêtes,
Grue errante et lièvre poltron.
Parmi ces jeux qu'enfante la campagne,
Amour, qui n'oublierait tes maux ?
Que, d'autre part, une chaste compagne
Soigne le toit et les marmots,
Comme en Sabine ou dans l'actif ménage
De l'Apulien basané ;
Que du bois sec s'allume au foyer sage,
Quand l'époux rentre surmené ;
Du troupeau gras, au parc qui le recueille,
Qu'elle vide les seins lestés,
Au dolion puise un vin d'une feuille,
Serve des mets inachetés :
Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/194
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