III — À Mécène
Si jamais fils, d'une exécrable main,
Étrangla sa mère chenue,
Qu'il goûte à l'ail pire que la ciguë.
Ô moissonneurs ! boyaux d'airain !
De quel toxique en moi court l'incendie ?
Dans cette herbe a-t-on infusé
Du sang d'aspic ? Est-ce un plat composé
A mon insu par Canidie ?
Lorsque Médée eut distingué Jason
Parmi l'élite de ses hommes,
Pour qu'il domptât les taureaux ignivomes
Elle l'oignit de ce poison.
Ainsi des dons offerts à sa rivale,
En fuyant sur un monstre ailé.
Jamais le sol en Pouille n'a brûlé
Sous plus de chaleur sidérale.
Jamais l'enduit d'un trop jaloux présent
N'embrasa mieux l'actif Hercule.
Si, quelque jour, pareil mets te stimule,
Je veux, ô Mécène plaisant,
Qu'à tes baisers ta belle s'opposant
Jusqu'au bord du lit se recule.