S’il en fut, car tu foules du pié
Des feux que cache une cendre trompeuse.
Que ta Melpomène, à sévère maintien,
Quitte un peu la scène : une fois notre histoire
Achevée, en cothurne athénien,
Tu reprendras ton labeur plein de gloire,
Fameux Pollion, rempart des accusés,
Toi dans ses conseils, flambeau de la Curie,
Front certain d’honneurs éternisés
Pour ton triomphe au sol de Dalmatie.
Déjà par tes mains le clairon menaçant
M’étourdit ; déjà les trompettes s’irritent,
Et déjà, mille éclairs jaillissant,
Chevaux fuyards et cavaliers palpitent.
Je crois déjà voir, fulminant à l’envi,
Les grands chefs souillés d’une noble poussière :
Ici-bas tout me semble asservi,
Tout, excepté de Caton l’âme altière.
Junon et ces dieux du Maure adulateurs,
D’Afrique exilés sans fournir la riposte,
Ont voulu des fils de ses vainqueurs
À Jugurtha faire un large holocauste.
Grâce au sang latin fumé plus grassement.
Quel champ ne dit pas, en ses tombeaux tout tièdes,
Nos fureurs, et cet effondrement
De l’Hespérie entendu chez les Mèdes ?
Quels gouffres, quel fleuve ont pu vous ignorer,
Lugubres combats ? Par nos veines ouvertes
Quelle mer ne se vit colorer ?
Où sont les bords non témoins de nos pertes
Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/74
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