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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/111

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Que parlez-vous de sang, il n'y faut plus penser.

Eh ! Vous n'étiez pas né, Seigneur, pour en verser.

La mort des malheureux que votre bras foudroie

Ne vous fait point goûter une barbare joie. [665]

Votre coeur malgré vous sensible et généreux,

En se vengeant toujours, ne fut jamais heureux.

Pourquoi vous laissez-vous livrer par la colère

À cette cruauté qui vous est étrangère,

Que vous ne trouvez point au fonds de votre sein ? [670]

Devenez moins superbe, et vous êtes humain.

Souffrez ce zèle ardent qui me défend de feindre,

Il est temps d'être aimé, c'est trop vous faire craindre.

Avec plus de repos, si vous voulez régner,

N'effrayez plus les coeurs, songez à les gagner. [675]

Antiochus

Eh bien, à vos conseils Antiochus se livre,

Estime, amour, raison, tout m'engage à les suivre.

Connaissez à quel point je m'en sens pénétrer

Par le dessein qu'ici je vais vous déclarer.

Je vous offre ma main, il est temps, Antigone, [680]

Que ce front si chéri partage ma couronne.

Dès longtemps aux honneurs du souverain pouvoir

Mes tendresses ont dû préparer votre espoir.

Je ne diffère plus, jouissez-en, Madame,

Que des jours plus sereins soient le prix de ma flamme, [685]

Et par votre pitié modérant mes rigueurs,

Venez m'aider vous-même à regagner les coeurs.

Votre douceur va mettre un frein à ma colère,

Et je ne connais plus que l'orgueil de vous plaire.