Scène II
Qu'ai-je à pleurer, seigneur ? Qu'a-t-on fait de mon fils ? [690]
D'un bruit qui se répand tous mes sens sont saisis :
On ose m'assurer que sa vertu chancèle,
Et que vous espérez d'en faire un infidèle.
Ah ! Permettez du moins que je puisse le voir.
Pour lui défendre encor de suivre son devoir ? [695]
Non, madame, souffrez plutôt qu'il vous apprenne
À vous rendre vous-même à ma loi souveraine,
Trop heureux, si pour prix de mes voeux satisfaits,
Je vous pouvais tous deux combler de mes bienfaits.
Laissez-moi voir mon fils, Seigneur, pour toute grâce, [700]
Laissez-là vos bienfaits, reprenez la menace.
Vous me glacez d'effroi par un accueil si doux.
Sommes-nous devenus moins dignes de courroux,
Et mon fils chancelant, prêt à vous satisfaire,
A-t-il donc attiré cette injure à sa mère ! [705]
Non je ne croirai point qu'on puisse le forcer...
J'espère avoir bientôt à le récompenser.
Jusques-là je le laisse au pouvoir d'Antigone.
Obéissez vous-même aux ordres qu'elle donne,