Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/341

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Sur vos jours menacés me laisse un coeur tranquille.

Emmenez sur vos pas loin de ces tristes lieux

De notre saint hymen les gages précieux.

Aux ordres que j'attends je sais que ma réponse

Va soudain m'attirer la colère d'Alphonse. [240]

Les Africains défaits, il ne me reste plus

Ni raison ni prétexte à couvrir mes refus ;

Il faut lui déclarer que quelque effort qu'il tente,

Je ne saurais souscrire à l'hymen de l'infante.

Je connais de son coeur l'inflexible fierté : [245]

Il voudra sans égard m'immoler au traité ;

Et si, de mes refus éclaircissant la cause,

La reine pénétrait quel noeud sacré s'oppose...

J'en frissonne d'horreur, cher Inès ; mais le roi

Vous livrerait sans doute aux rigueurs de la loi ; [250]

Et moi désespéré... fuyez, fuyez, madame ;

De cette affreuse idée affranchissez mon âme.

Fuyez...

Inès

Non. En fuyant, prince, je me perdrais ;

Ce qu'il nous faut cacher, je le décèlerais.

Il vaut mieux demeurer. Armons-nous de constance ; [255]

Dissipons les soupçons de nôtre intelligence ;

Ne nous revoyons plus ; et contraignant nos feux,

Réservons ces transports pour des jours plus heureux.

Dom Pedre

J'y consens, chère Inès. Alphonse va m'entendre.

Cachez bien l'intérêt que vous y pouvez prendre. [260]

Inès

Que me promettre, hélas ! De ma faible raison,

Moi qui ne puis sans trouble entendre votre nom !

{{Personnage|Dom