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Le prince séduit par ses faibles attraits,
Et plus sans doute encor par beaucoup d'artifice,
S'applaudit de lui faire un si grand sacrifice.
Il immole ma fille à cet indigne amour.
J'en ai prévu l'obstacle ; et depuis plus d'un jour, [490]
Les regards de l'ingrat toujours fixez sur elle,
M'en avaient annoncé la funeste nouvelle.
Tantôt à la perfidie, exposant mes douleurs,
J'étudiais ses yeux que trahissaient les pleurs ;
Et son trouble, perçant à travers son silence, [495]
Me découvrait assez l'objet de ma vengeance.
À peine je sortais ; tous deux ils se sont vus,
Ils se sont en secret long-temps entretenus ;
Et tous deux confirmant mes premières alarmes,
Ne se sont séparez que baignez de leurs larmes. [500]
Regardez même encor ce coupable embarras...
C'est en vain qu'on m'accuse ; et vous ne croirez pas...
Ne désavouez point Inès que je vous aime.
Seigneur, loin d'en rougir, j'en fais gloire moi-même :
Mais, laissez sur moi seul tomber vôtre courroux. [505]
Inès n'est point coupable ; et jamais...
Taisez-vous.
Madame, en attendant qu'elle se justifie,
Je veux qu'on la retienne, et je vous la confie.
Dans son appartement qu'on la fasse garder.
Ô ciel ! En quelles mains l'allez-vous hasarder ? [510]
Vous exposez ses jours...
Sortez de ma présence,
Ingrat ; je mets encore un terme à ma vengeance :
Vous pouvez dans ce jour réparer vos refus ;