Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/358

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Eh ! Que me serviraient les honneurs éclatants [645]

D'un hymen que jamais l'amour...

Alphonse

Je vous entends,

Superbe ; ce discours confirme mes alarmes.

Je vois à quel excès va l'orgueil de vos charmes.

Quoi ! C'est donc pour mon fils que vous vous réservez !

Et c'est contre son roi, vous, qui le soulevez ? [650]

Il vous tarde à tous deux qu'une mort désirée

Ne tranche de mes jours l'incommode durée.

Je gêne de vos feux, l'ambitieuse ardeur.

Mon fils doit avec vous partager sa grandeur ;

Et le rebelle en proie à l'amour qui l'entraîne, [655]

Ne brûle d'être roi que pour vous faire reine.

Que sais-je même encor si plus impatient,

Au mépris de la loi, peut-être l'oubliant,

Votre amour n'aurait point réglé sa destinée,

Et bravé les dangers d'un secret hyménée ! [660]

Inès

Ô ciel ! Que pensez-vous ?

Alphonse

Si jamais vous l'osiez,

Si d'un noeud criminel je vous savais liés,

Téméraire, tremblez ; n'espérez point de grâce ;

L'opprobre et le supplice expieraient votre audace.

C'est vôtre même aïeul dont je vante la foi, [665]

Qui pour l'honneur du trône en a dicté la loi,

Et jusques sur son sang, s'il se trouvait coupable,

Me força d'en jurer l'exemple inviolable.

Il semblait qu'il prévit l'objet de mon courroux,

Et qu'il faudrait un jour le signaler sur vous. [670]

Inès, si vous osiez justifier ses craintes !

C'est lui que j'en atteste, insensible à vos plaintes,

Et prompt à prévenir des exemples pareils,

Aux dépens de vos jours je suivrais ses conseils.