Ressent l'horreur du crime en suivant la vertu. [830]
Je ne sais quelle voix crie au fonds de mon âme,
Te justifie encor par l'excès de ta flamme ;
Me dit, pour excuser tes attentats cruels,
Que les plus furieux sont les moins criminels.
J'ai du moins reconnu que malgré ton ivresse, [835]
Tu n'as point pour ton père étouffé ta tendresse :
J'ai vu qu'au désespoir de me désobéir,
Tu mourais de douleur, sans pouvoir me haïr.
Mais de quoi m'entretiens-je ? Et que prétends-je faire ?
Au mépris de mon rang ne veux-je être que père ? [840]
Ah ! Ce nom doit céder au nom sacré des rois.
Quittons le diadème, ou vengeons-en les droits.
En pleurant le coupable, ordonnons le supplice ;
Effrayons mes sujets de toute ma justice ;
Et que nul ne s'expose à sa sévérité, [845]
En voyant que mon fils n'en n'est pas excepté.
Scène II
Le conseil est mandé, prince, je vais l'entendre.
Vous jugez de l'arrêt que vous devez attendre ;
Et quand par vos fureurs vous m'avez offensé,
C'est vous-même, mon fils, qui l'avez prononcé. [850]
Vous pouvez cependant mériter votre grâce.
L'obéissance encor peut réparer l'audace.
Tout irrité qu'il est, ce coeur parle pour vous ;
Et je sens que l'amour y suspend le courroux,
Achevez de le vaincre. Un repentir sincère [855]