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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/367

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Ressent l'horreur du crime en suivant la vertu. [830]

Je ne sais quelle voix crie au fonds de mon âme,

Te justifie encor par l'excès de ta flamme ;

Me dit, pour excuser tes attentats cruels,

Que les plus furieux sont les moins criminels.

J'ai du moins reconnu que malgré ton ivresse, [835]

Tu n'as point pour ton père étouffé ta tendresse :

J'ai vu qu'au désespoir de me désobéir,

Tu mourais de douleur, sans pouvoir me haïr.

Mais de quoi m'entretiens-je ? Et que prétends-je faire ?

Au mépris de mon rang ne veux-je être que père ? [840]

Ah ! Ce nom doit céder au nom sacré des rois.

Quittons le diadème, ou vengeons-en les droits.

En pleurant le coupable, ordonnons le supplice ;

Effrayons mes sujets de toute ma justice ;

Et que nul ne s'expose à sa sévérité, [845]

En voyant que mon fils n'en n'est pas excepté.


Scène II

Alphonse, Dom Pedre.
Alphonse

Le conseil est mandé, prince, je vais l'entendre.

Vous jugez de l'arrêt que vous devez attendre ;

Et quand par vos fureurs vous m'avez offensé,

C'est vous-même, mon fils, qui l'avez prononcé. [850]

Vous pouvez cependant mériter votre grâce.

L'obéissance encor peut réparer l'audace.

Tout irrité qu'il est, ce coeur parle pour vous ;

Et je sens que l'amour y suspend le courroux,

Achevez de le vaincre. Un repentir sincère [855]