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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/373

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Je vois ce qu'il t'en coûte ; et tu m'apprends trop bien,

Qu'où la justice parle on doit n'écouter rien. [990]

Oui, oui, de ta vertu l'autorité suprême

L'emporte dans mon coeur sur la nature même.

Aux autres conseillers.

Je vois trop vos conseils. Ce silence, ces pleurs

M'annoncent mon devoir en plaignant mes malheurs.

Je condamne mon fils ; il va perdre la vie. [995]

C'est à vous, chers sujets, que je le sacrifie ;

Quelque crime où l'ingrat se soit abandonné,

Si je n'étais que père, il serait pardonné.

Consolez-vous. Songez que ma prompte vengeance

Délivre vos enfants d'une injuste puissance ; [1000]

Qu'on doit tout redouter de qui trahit la loi ;

Et qu'un sujet rebelle est tyran, s'il est roi.

L'arrêt en est porté. Que chacun se retire ;

Et vous de son destin, Mandoce, allez l'instruire.


Scène IV

Alphonse

Mais quel sera le mien ? Malheureux, qu'ai-je fait ! [1005]

Devoir impitoyable, êtes-vous satisfait ?

Je la puis donc goûter cette gloire inhumaine

Qu'a connue avant moi la fermeté romaine !

Sévère Manlius, inflexible Brutus,

N'ai-je pas égalé vos féroces vertus ? [1010]

Je prononce un arrêt que mon coeur désavoue.

Eh bien ! Que l'univers avec horreur te loue,