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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/372

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C'est ma sincérité. Vous l'allez donc connaître.

Dans la peur d'être ingrat, je ne serai point traître.

Dom Pedre par son crime a mérité la mort ; [965]

Et les lois, malgré nous, décident de son sort.

La majesté suprême une fois méprisée,

Sans le sang criminel ne peut être apaisée ;

Et ces droits qu'aujourd'hui doivent venger vos coups,

Sont ceux de vôtre rang, et ne sont point à vous. [970]

Quoique d'un tel arrêt la rigueur vous confonde,

Vous en êtes comptable à tous les rois du monde.

Je n'ose dire plus...

Alphonse

Achève.

Henrique

Je ne puis.

Alphonse

Ne me déguise rien ; tu le dois.

Henrique

J'obéis.

S'il faut qu'en sa faveur la pitié vous fléchisse, [975]

Vous ne règnerez plus qu'au gré de son caprice.

Le peuple qui croira qu'il s'est fait redouter,

Sur ses moindres chagrins prêt à se révolter,

Et méprisant pour lui vos ordres inutiles,

Va livrer tout l'État aux discordes civiles. [980]

Vous verriez tous les coeurs appuyer ses projets ;

Vous n'auriez qu'un vain trône, il aurait les sujets.

Ma parole tremblante à chaque instant s'arrête.

Il a sauvé mes jours, et je proscris sa tête !

Mais je dois à mon roi de sincères avis. [985]

Ma mort acquittera ce que je dois au fils.

Alphonse

De la foi d'un sujet, ô prodige héroïque !

Alphonse en ce moment pourra-t-il moins qu'Henrique !