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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/376

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Scène VIII

Constance, Inès.
Constance

Dom Pedre est condamné, Madame.

Inès

Ô désespoir !

Constance

Vous savez mon amour ; et vous avez pu voir

Que malgré ses refus, malgré ma jalousie,

Je ne connais encor d'autre bien que sa vie.

La reine va tâcher de fléchir un époux. [1045]

Moi-même je ne puis qu'embrasser ses genoux :

Mais quel faible secours contre un roi si sévère !

Si pour le mieux servir, votre amour vous éclaire,

Vous savez quels amis peuvent s'unir pour lui,

Par quelle voie il faut s'en assurer l'appui ; [1050]

Je suis prête à tenter, pour obtenir qu'il vive,

Tout ce que vous feriez, si vous n'étiez captive ;

Vos conseils sont des lois que vous m'allez dicter,

Et qu'au prix de mes jours je cours exécuter.

Inès

Dans un trouble si grand j'ai peine à vous répondre. [1055]

Mes frayeurs, vos bontés, tout sert à me confondre.

Le prince ne vous doit paraître qu'un ingrat ;

D'un outrage apparent vous avez vu l'éclat ;

Je ne suis à vos yeux qu'une indigne rivale ;

Cependant...

Constance

Qu'aujourd'hui la vertu nous égale. [1060]