Scène VIII
Dom Pedre est condamné, Madame.
Ô désespoir !
Vous savez mon amour ; et vous avez pu voir
Que malgré ses refus, malgré ma jalousie,
Je ne connais encor d'autre bien que sa vie.
La reine va tâcher de fléchir un époux. [1045]
Moi-même je ne puis qu'embrasser ses genoux :
Mais quel faible secours contre un roi si sévère !
Si pour le mieux servir, votre amour vous éclaire,
Vous savez quels amis peuvent s'unir pour lui,
Par quelle voie il faut s'en assurer l'appui ; [1050]
Je suis prête à tenter, pour obtenir qu'il vive,
Tout ce que vous feriez, si vous n'étiez captive ;
Vos conseils sont des lois que vous m'allez dicter,
Et qu'au prix de mes jours je cours exécuter.
Dans un trouble si grand j'ai peine à vous répondre. [1055]
Mes frayeurs, vos bontés, tout sert à me confondre.
Le prince ne vous doit paraître qu'un ingrat ;
D'un outrage apparent vous avez vu l'éclat ;
Je ne suis à vos yeux qu'une indigne rivale ;
Cependant...
Qu'aujourd'hui la vertu nous égale. [1060]