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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/378

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ACTE V


Scène I

La reine, Constance.
La Reine

Qu'avez-vous obtenu ? Vous êtes outragée,

Ma fille, et vous semblez craindre d'être vengée ! [1080]

Quels sont donc vos desseins ? Et pour quels intérêts

Prétendez vous qu'Alphonse écoute encor Inès ?

Pourquoi, loin de sentir une injure cruelle,

Mendier par vos pleurs une injure nouvelle ;

Vous exposer à voir deux amants odieux [1085]

De vos maux et des miens triompher à nos yeux ?

Constance

Ah ! Sans me reprocher ma pitié généreuse,

Soufrez que la vertu du moins me rende heureuse.

C'est pour ne point rougir des affronts qu'on m'a faits,

Qu'il faut ne m'en venger que par mes seuls bienfaits. [1090]

Quand Lisbonne avec vous a reçu votre fille,

Ses peuples bénissaient les dons de la Castille ;

Leurs cris remplissaient l'air des plus tendres souhaits ;

Ils croyaient avec moi voir arriver la paix.

Quelle paix, juste ciel ! Quelle paix sanguinaire ! [1095]