Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/103

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Tu l’as fait. Ce tableau plaisamment formidable,
En action réelle érige mon récit.
Dans ce que tu peins tout est dit ;
Et qui le voit, a lû ma fable.
La nuit avoit au monde amené le repos.
Le silence regnoit sur toute la nature ;
Et l’obligeant Morphée à chaque créature
Faisoit litiere de pavots.
Une sorciere de Carie,
Une vieille Medée, une autre Canidie,
Sçavante en l’art d’interroger le sort,
Pour exercer sa science hardie,
Arrive dans un bois qui tremble à son abord.
Dans le centre d’un cercle elle établit la scéne
De ses enchantemens divers ;
Sur l’autel en triangle allume la verveine,
En prononçant les mots souverains des enfers.
Pour sacrifice au dieu du noir rivage,
Elle souffle la peste au plus prochain bercail ;
Et fait sur l’heure à l’innocent bétail
Perdre le goût du pâturage.
Pluton, de ce grand art le vassal immortel,
Députe à la sorciere une légion d’ombres,