Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/147

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MERCURE ET LES OMBRES

Mercure conduisoit quatre ombres aux enfers.
Comptons-les : une jeune fille,
Item un pere de famille,
Plus un héros, enfin un grand faiseur de vers.
Allant de compagnie, au gré du caducée
Ils s’entretenoient en chemin.
Hélas, dit l’ombre fille, en pleurant son destin,
Que l’on me plaint là-haut ! Je lis dans la pensée
De mon amant ; il mourra de chagrin.
Il me l’a dit cent fois, du ton qui se fait croire,
Que loin de moi, le jour ne lui seroit de rien.
Quel amour ! Chaque instant en serroit le lien.
M’aimer, me plaire, étoient son plaisir et sa gloire.
S’il ne meurt, je me promets bien
De revivre dans sans mémoire,
Pour moi, dit l’ombre pere, il me reste là-haut
Des enfans bien nés, une femme
Ils m’aimoient tous du meilleur de leur ame.
Je suis sûr qu’à présent on pleure comme il faut.