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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/148

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Ils me regretteront long-temps sur ma parole ;
Les pauvres gens ! Que le ciel les console.
L’ombre héros disoit : eh qu’êtes-vous vraiment,
Près d’un mort comme moi par cent combats célébre ?
Je m’assure qu’en ce moment
Les cris des peuples font mon oraison funèbre.
Mon nom ne mourra point ; du Gange jusqu’à l’èbre,
D’âge en âge il ira semer l’étonnement.
Croirai-je que quelque autre espére
De vivre autant que moi ? Moi, dit le fier rimeur ;
Qu’est-ce qu’Achille auprès d’Homere ?
On me lira par-tout ; on m’apprendra par cœur.
Dieu sçait comme à présent le monde me regrette.
Vous vous trompez, héros, pere, amante, poëte,
Leur dit le dieu. Toi la belle aux doux yeux,
Ton amant consolé près d’une autre s’engage.
Toi, pere, tes enfans chiffrant à qui mieux, mieux,
Calculent tous tes biens, travaillent au partage ;
Ta femme les chicane ; et de toi, pas un mot :
Chacun ne songe qu’à son lot.