Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/159

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L’ASNE ET LE LIEVRE

Aux tems aînés de cet âge où nous sommes,
Entre les animaux une guerre survint.
Parfois, n’en déplaise à l’instinct,
Ils sont aussi fous que les hommes.
La commune vouloit l’emporter sur les lords ;
Chambre-basse prétend devenir chambre-haute.
On s’arme, on s’assemble et sans faute
On veut voir ce jour-là qui seront les plus forts.
Au service de la commune
Le liévre et l’asne offrirent leur appui,
Non pour se battre et tenter la fortune ;
Mais, ils se disoient bons pour exciter autrui.
L’asne, excellent sonneur, misene d’Arcadie,
Devoit appeller Mars, et par sa voix hardie
Rendre le combat plus sanglant.
Le liévre étoit tambour ; c’étoit-là son talent.
Derriere une haye on les place,
Où commençant leurs belliqueux accords,