Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/175

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LES DEUX PIGEONS

En certains lieux les pigeons sont couriers.
Deux de ces couriers là faisant contraire route,
Se rencontrent dans l’air. Hola, compere, écoute,
S’écria l’un des deux. Vien-t’en sous ces palmiers ;
Jasons un peu ; quelle nouvelle ?
Ta maîtresse persiste-t-elle
À nous aimer ? Par nous, j’entends Damon ;
(c’étoit le maître du pigeon.)
Si nous l’aimons ! Vraiment je lui porte une lettre,
Répondit l’autre ; et je puis te promettre
Que c’est de bon amour, et du meilleur qui soit.
Sur quoi le juges-tu, toi qui ne sçais pas lire ?
J’en suis sûr par plus d’un endroit,
Repartit-il. En la voyant écrire,
J’observois avec soin Iris.
Ses yeux changeoient à chaque ligne ;
Tantôt ardens ; quelquefois adoucis :
Je devinois à plus d’un signe
Sa pensée et ses mots ; j’en sçai tout le précis.
Quelquefois c’est reproche ; aussi-tôt c’est excuse ;
Projet de n’aimer plus ; serment d’aimer toujours ;