Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/176

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Crainte que Damon ne l’abuse,
Et puis crédule espoir de fixer ses amours.
Tu vois bien que sans sçavoir lire,
De la lettre d’Iris je te rends la teneur.
J’oubliois qu’elle est longue ; et s’il faut tout te dire,
Elle n’y rêvoit point, et tout partoit du cœur.
Que je plains donc Iris, lui répond son compere ?
Damon est à ce compte un ingrat achevé.
Iris va par cet ordinaire
Recevoir un billet, mais court ; et pour le faire
Le pauvre homme a long-tems rêvé.
Vive des passions l’éloquence soudaine :
Ne cherchons point ailleurs l’air vif, original ;
L’esprit les imite avec peine ;
Encor le plus souvent les imite-t-il mal.
Quant au pigeon si fort en conjecture,
Où prenoit-il cet art ? Où ? Dans son colombier.
Les pigeons sont amans d’état et de nature ;
Chacun doit sçavoir son métier.