Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/181

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LES DEUX SOURCES

Filles d’une même montagne,
Deux sources commençoient leur cours.
L’une, à flots résonnans, tomboit dans la campagne ;
L’autre, plus lentement rouloit des flots plus sourds.
Ma sœur, dit la source bruyante,
De ce train-là tu n’iras pas bien loin.
Tu vas tarir dans peu ; tandis que triomphante,
Entre les fleuves moi je vais tenir mon coin.
À trois cens pas d’ici je gage
Que déja je porte bateau ;
Puis étendant mon lit, reculant mon rivage,
Je veux qu’au loin, sur mon passage,
Il ne soit bruit que de mon eau.
Je vais par le commerce appeller la fortune
Dans tous les lieux de mon département ;
Et puis, majestueusement
J’irai porter mon tribut à Neptune.
Adieu, pour remplir mon destin,
Il faut un peu de diligence.
Pour toi, tu ne seras qu’un ruisseau clandestin ;
Adieu, ma sœur ; prends patience.