Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/180

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Que c’est plaisir de voir votre petit ménage,
Et vos maisons à triple étage.
Par vous, digue, chaussée, ont toutes leurs façons ;
Vous portez terre et bois, par tout où bon vous semble ;
Vous êtes, dit-on, tout ensemble,
Les civieres et les maçons.
Mais que sert tout cela ? Malgré tant d’ouvertures,
On ne peut vous civiliser ;
L’homme qui vient à bout des têtes les plus dures
Dit qu’il perd son latin à vous apprivoiser.
La voilà donc notre rudesse ?
Dit le castor. C’étoit mon sens,
Reprit le bœuf. Apprends que c’est sagesse,
Dit le républicain. Comment sans cette adresse,
Pourrions-nous vivre indépendans ?
Si nous faisions comme vous autres,
Et qu’avec l’homme un jour nous fussions familiers,
Il nous feroit servir en valets d’ateliers,
À bâtir ses toits, non les nôtres.
Eh ! Qui ne connoît pas vos jougs et vos colliers ?
Nous prévoyons nos malheurs par les vôtres.
Ne point s’apprivoiser avec gens trop puissans,
N’est grossiereté ; c’est bon sens.