Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/184

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Vous n’êtes pas les plus coupables ;
Donc vous êtes des gens de bien ?
La conséquence ne vaut rien.
Je punirois l’auteur qui ne cherche qu’à nuire,
Comme un perturbateur de la société.
Je chasserois aussi pour l’inutilité
Celui qui ne sçait pas instruire.
Tout citoyen doit servir son pays
Le soldat de son sang ; le prêtre de son zèle ;
Le juge maintient l’ordre, il sauve les petits
De la griffe des grands ; et le marchand fidele
Garde à tous nos besoins des secours assortis.
Or, qu’exige la république
De mes confreres les rimeurs ?
Que de tous leurs talens, chacun d’entr’eux s’applique
À cultiver l’esprit, à corriger les mœurs.
Malheur aux écrivains frivoles,
Atteints et convaincus de négliger ce bien !
Quel fruit attendent-ils de leurs vaines paroles ?
Rien n’est-il pas le prix de rien ?
Je voudrois lever ce scandale,
Et je tâche du moins à faire mon métier.
J’orne, comme je puis, quelques traits de morale.
Qu’un autre fasse mieux ; je serai le premier
À l’en aller remercier.
Desmoiselle fourmi