Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/202

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LES DEUX CHIENS

À madame la marquise De Lambert.
Lambert, mon cœur à chaque instant me dit
Que ma muse te doit un tribut qui te plaise.
Il en parle bien à son aise :
Le plaisir est pour lui, la peine est pour l’esprit.
Tant bien que mal je puis décrire
Ton bon goût, ta raison, tes vertus, tes talens :
Mais parmi de certaines gens,
Semblables vérités sont fâcheuses à dire.
Les sages sont des dieux qui refusent l’encens.
Ne te loüons donc point, quoique le cœur m’en dise.
J’aime mieux te féliciter,
Prendre part à la joie exquise
Qu’avec de vrais amis tu sçais si bien goûter.
Sçavoir, politesse, génie,
Guidés par l’amitié, se rassemblent chez toi.
Ils ont trouvé leur Uranie :
Ils l’aiment : en ce point je parle aussi de moi.