Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/203

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Qu’on demande à chacun de ces amis d’élite,
Quel lien te l’attache et quel est son attrait :
À ton tableau chacun mettra son trait :
Somme totale, on aura tout mérite,
Et par conséquent ton portrait.
Le mot m’est échappé. Tu rougis, mais pardonne ;
Mon intention étoit bonne ;
De ne te point loüer j’avois pris mon parti :
Mais quand le cœur veut quelque chose,
C’est en vain que l’esprit s’oppose ;
Il a toûjours le démenti.
Lis ma fable ; le fait est de ta compétence :
J’y peins la disgrace d’un chien
Qui fera voir à tous, ce que tu sçais si bien,
Qu’amitié veut de la prudence.
Maître Brifaut, chien fort doux, fort civil,
En son chemin rencontra de fortune
Aboyard, chien hargneux, un autre la rancune.
Il l’acoste humblement. Pardonnez, lui dit-il ;
Peut-être je vous trouble en votre rêverie ;
Mais si vous vouliez compagnie,
Je suis à vous, je m’offre de bon cœur ;
Et je tiendrai la grace à grand honneur.
Aboyard n’étoit pas dans son accès farouche :
Les brutaux ont leurs instans.