Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ET LA MORT

Loin, lecteurs dont la critique
Souffle le chaud et le froid,
Qui répandez sur tout une bile caustique,
Sans distinguer ni le tort, ni le droit.
Toute perfection chez vous s’appelle vice.
Est-on sublime ? On est guindé.
Est-on simple ? On est bas. Tout art est artifice,
Et tout ce qui plaît est fardé.
Si je hazarde quelque conte,
Qui vous semble un peu fort de sens,
Eh quoi ! Direz-vous, quelle honte
De proposer ces traits à des enfans !
Mais, s’il vous plaît, la fable est-elle l’ennemie
Du profond et du fin, quand il vient à propos ?
La prenez-vous pour une mie,
Qui ne sçait rien qu’endormir des marmots ?
Bien-tôt vous allez vous dédire
Au premier trait commun que j’oserai rimer.
N’est-ce qu’à des enfans qu’il veut se faire lire ?
C’est bien la peine d’imprimer.
C’est ainsi que chaque rencontre
Vous voit changer de mesure et de poids ;
Disant blanc ou noir ; pour ou contre ;