Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE PORTRAIT

Le monde est plein de faux censeurs.
Qu’on leur montre une bonne piéce,
Leur ignorante hardiesse
De son autorité la renvoye aux farceurs.
Ils n’y trouvent ni goût, ni force, ni justesse ;
C’est ceci, cela qui les blesse ;
Blâmant, proscrivant tout, et de par les neuf sœurs.
Eh, messieurs, c’est orgueil, et non délicatesse :
Vous n’êtes qu’ignorans, soi disans connoisseurs.
De se faire tirer certain homme eut envie.
Chacun veut être peint une fois en sa vie.
L’amour propre de son métier
Est ami des portraits : cet art qui nous copie
Semble aussi nous multiplier.
Ce n’est pas là notre unique folie.
Le portrait achevé, notre homme veut avoir
L’avis de ses amis, gens experts en peinture :
Regardez, il s’agit de voir
Si je suis attrapé, si c’est là ma figure.
Bon, dit l’un on vous a fait noir ;