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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/240

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DE DESTIN

Un homme avoit un jour obtenu du destin,
Que de son avenir il lui fit confidence.
Au livre de la providence,
Il lut donc tout son sort, ses progrès et sa fin.
Parmi de menus faits, de grandes avantures
Se déployerent à ses yeux.
Il devoit être roi, puissant et glorieux,
Et puis captif, et puis mourir dans les tortures.
Ces révolutions sont le plaisir des dieux.
De tous ces objets quelle idée
Occupe desormais mon pauvre curieux !
Sa mort le suit par tout ; son ame intimidée
La souffre à toute heure, en tous lieux.
Ce roi futur, que la frayeur consume,
Se voit dans son affreux chagrin,
Esclave comme Montezume,
Grillé comme Guatimosin.
Ah ! Par pitié, grands dieux, ôtez-moi cette image,
S’écriat-t’il. Ses vœux sont exaucés.