Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/241

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Il ne voit plus la mort ni l’esclavage ;
Dans son esprit ce sont traits effacés.
Le voilà donc qui voit en perspective
Ce sceptre absolu qui l’attend :
En est-il mieux ? Le croyez-vous content ?
L’impatience la plus vive
Lui fait un siécle d’un instant.
Quelque faveur que le ciel lui déploye,
Tout est insipide pour lui :
Où les autres mourroient de joie,
Ce roi futur séche d’ennui.
Ciel, cria-t-il encor, retranchez les années
Qui me séparent de mon bien.
Hâtez mes grandes destinées :
Hors de-là je ne goûte rien.
Çà dit le sort, malgré ton imprudence
Je ferai mieux que tu ne veux.
C’en est fait, tu va être heureux ;
Je te rends à ton ignorance.
Bon lot ! Bien à propos tout homme en fut pourvû.
Sans cela notre impatience
Feroit un mal d’un bien prévû.
Et le mal nous tueroit d’avance.