Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/243

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Si l’on tarde un moment, ces arbres sont perdus.
Pour l’influence bienfaisante
Je ne compte qu’une heure au plus
Soudain on obéït, on plante ;
En moins de rien voilà nos arbres en état,
Munis d’un bon certificat.
Ils devoient atteindre un grand âge ;
Grêle, pluie et vents en courroux,
Main d’homme n’y pourroit causer aucun dommage ;
Le ciel les protégeoit envers et contre tous.
À quelques jours de ce plantage,
Le seigneur prend un nouveau jardinier.
Le plan ne lui plut pas ; il arracha l’ouvrage
Qui selon lui n’eut pû fructifier.
Quand le seigneur le vit ; ah malheureux, ah traître !
Qu’as-tu fait là, dit-il au déplanteur ?
Ces arbres auroient fait le plaisir de ton maître.
Mon astrologue en ce point grand docteur,
Avoit pour les planter pris l’instant bienfaicteur,
Où tout le sénat planétaire
M’étoit garand du succès de l’affaire.
Tout beau, dit le manant, à tort vous vous fâchez ;
Je n’entends-rien, monsieur, à votre dialogue :
Mais vos arbres sont arrachés :
L’instant ne valoit rien ; battez votre astrologue.