Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/242

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LES ARBRES

Chez nos ayeux, à qui Dieu fasse paix,
Un astrologue étoit un meuble nécessaire.
Sans son avis on ne pouvoit rien faire.
La raison commandoit ; il reste encore un mais ;
Qu’est-ce que l’astrologue augure de l’affaire ?
Vouloit-on bâtir, voyager,
Vendre, aller faire des emplettes,
Se marier ou se purger ?
Il vous falloit surtout le visa des planetes.
Tout astrologue étoit prisé son pesant d’or,
Idiot préjugé, qui n’exceptoit personne !
L’homme est si sot, que je m’étonne
Que la mode n’en dure encor.
Un grand seigneur ami du jardinage,
Avoit des arbres à planter.
Son prédiseur qu’il s’en va consulter,
Fait son thême, étudie, et trouve pour l’ouvrage
Les célestes aspects dont il faut profiter.
Allons, dit le docteur, qu’on plante tout-à-l’heure ;
Le ciel ne veut ni délai, ni demeure ;