Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/258

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Voyons chez les sçavans ; car la science est une,
Dit le dieu ; ces messieurs doivent être d’accord.
Point du tout ; jalouse rancune
Au milieu d’eux est comme dans son fort.
Dispute à l’infini ; procédé malhonnête ;
Modernes, anciens, sont toûjours en procès.
Homere étoit un dieu. Non, c’étoit une bête,
Dit l’autre : et des deux parts excès.
Mercure de ce pas s’en va dans les familles.
Que trouve-t-il chez les époux ?
Prudes et débauchés, coquettes et jaloux,
Maris caducs, femmes qu’on laisse filles,
Et s’en vengeant peut-être ; enfin les béatilles
De l’himenée, ennuis, chagrins, dégoûts :
L’un dit blanc, l’autre noir ; voilà comme ils sont tous.
Entre freres autre discorde ;
Jalousie, intérêt, et toûjours démêlés.
Ne trouverai-je donc personne qui s’accorde ?
Tous les cerveaux sont-ils troublés,
Dit Mercure ? Du moins les enfans et les peres…
Autre erreur, et nouveaux débats.
Il les trouve appointés contraires,
Ou les peres sont durs, ou les enfans ingrats.
Ô juste ciel ! J’ai fait une belle ambassade,
Disoit déja Mercure, en retournant aux cieux :
Mais comme en son chemin il détournoit les yeux,