Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/257

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Le voilà d’abord à la cour.
On sçait que politesse habite ce séjour :
Le dieu croit tenir son affaire.
On s’y louë, on s’embrasse, on s’empresse à se plaire ;
Offres, soins obligeans, complimens faits au tour.
Bon, n’allons pas plus loin ; mais il se désabuse ;
Il voît bien-tôt que c’est traitresse ruse,
Que tout est divisé, qu’on se hait, qu’on se nuit,
Que la guerre est réelle, et le reste un vain bruit.
Aux tribunaux Mercure se transporte ;
Non pas qu’il crût trouver la paix chez les plaideurs,
Mais chez les magistrats : gravité les escorte ;
La paix regne en leur air, et semble être en leurs cœurs.
Mais il s’y trompe encor ; Thémis embarrassée
Ne peut les accorder sur le sens de ses loix ;
Chacun plaide pour sa pensée ;
Chicane brouille tout, les avis et les droits.
Des tribunaux Mercure court aux temples ;
Leurs ministres, dit-il, doivent les bons exemples ;
J’y trouverai la paix. Non pas la paix, je croi,
Monsieur le dieu ; mais bien discorde continuë,
Sentimens opposés, haine, mauvaise foi.
L’un soûtient son oracle, et l’autre sa statuë ;
Chacun veut tout tirer à soi.