Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/264

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Crainte, desir et tout : je n’y souscris en rien.
Je les fais raisonner ; et ton art, je m’en flate,
M’empêchera de paroître menteur :
Tout animal par toi va dire au spectateur :
Qu’en pensez-vous ? Suis-je automate ?
Les animaux, un jour joüoient la comédie.
Théâtre artistement formé de rameaux verds ;
Dans les entr’actes simphonie
D’oiseaux, de rossignols experts.
Le plus beau cependant n’étoit pas l’harmonie.
Ce qui se faisoit plus loüer,
C’étoit l’assortiment des rôles au génie
Des acteurs qui devoient joüer.
Le lion fait le roi ; roi qu’il étoit lui-même,
Doute-t-on que sa majesté
Ne soûtint bien l’honneur du diadême ?
Qu’il ne prît, comme il faut, le ton d’autorité ?
Le taureau fait l’amant ; air noble, mine haute,
Et vive flâme dans les yeux ;
Passion ne lui faisoit faute ;
Sentant ce qu’il disoit, sentant même encor mieux.
Le chien prudent et plein de zéle,
Étoit de l’amoureux le confident fidéle.
La genisse à la blanche peau,
Parée encor de sa jeunesse,
Faisoit le rôle de princesse,
Recevant fierement les soupirs du taureau.
Le tigre