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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/270

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LA VICTIME

D’une blanche genisse, honneur de son troupeau,
On fit choix pour un sacrifice.
Le dieu que par l’offrande on veut rendre propice,
N’avoit jamais goûté d’un si friand morceau.
Le front orné de saintes bandelettes,
Elle brilloit des plus riches couleurs.
La tête couverte de fleurs,
Elle marche au son des trompettes ;
Grande musique à plusieurs chœurs.
Que de cérémonie ! Eh ! Que puis-je connoître,
Dit la genisse, à tout ceci ?
Serois-je donc déesse ? Et pourquoi non ? Peut-être.
Aux respects qu’on me fait paroître,
Il faut bien qu’on le pense : eh bien, pensons-le aussi.
Elle entre au temple, en raisonnant ainsi.
Nouveaux honneurs ; à l’autel on la mene ;
Le feu sacré s’allume ; on fait fumer l’encens.
De sa divinité la voilà plus certaine,
N’en doutons plus, dit-elle ; je me sens ;
Ils m’adorent ces bonnes gens.