Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/277

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Phoenix, premier du nom, roi des champs d’Arabie,
Grand adorateur du soleil,
Avoit, comme un vrai saint, passé sa longue vie :
Le peuple aîlé n’eut jamais son pareil.
L’oiseau religieux, après plus de cent lustres,
À son terme étoit parvenu.
L’ordre enfin veut qu’il meure ; à peine il l’a connu,
Que sans regret à ses destins illustres,
Sans se plaindre, sans s’allarmer ;
Il travaille au bucher qui doit le consumer :
Un hibou près de là, caché dans un trou d’arbre,
Misérable, vieux, mal en point,
Souffrant et glacé comme un marbre,
Maudissoit le soleil qui ne l’échauffoit point.
Mon frere, dit le saint, à quoi bon ce blasphême ?
Prends patience, et meurs mieux que tu n’as vécu ;
La mort n’est point un mal ; crois-le… crois-le toi-même,
Dit le hibou ; moi je suis convaincu
Que c’en est un ; je veux m’en plaindre.
Quand je me portois bien, j’ai fait comme il m’a plû ;
Je meurs encor sans me contraindre,
Et ton sermon est superflu.
D’ailleurs, tu parles bien à l’aise,
Toi, qui seul de ton ordre avec le monde es né ;