Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



LE RENARD PREDICATEUR

La morale sans doute est l’ame de la fable ;
C’est une fleur qui doit donner son fruit :
Vous voulez seulement lire un conte agréable ;
Sans le vouloir, vous allez être instruit.
On badine ; il paroît qu’on ne songe qu’à plaire
Et le jeu se tourne en leçon.

L’homme n’eût point voulu d’un précepte sévere ;
Pour le prendre, il falloit trouver cet hameçon.
Ainsi ce phrigien que l’univers renomme,
Fut précepteur du genre humain.
Qu’un lecteur est bien sous sa main !
Il l’amuse en enfant ; mais pour en faire un homme.
Cultivons ce bel art. Qu’à l’envi du premier
S’élevent de nouveaux ésopes,
Censeurs réjoüissans, et qui loin de crier
Comme de chagrins misantropes,
En nous réprimandant se font remercier.
Mais, faisons-nous des regles sûres,
Que le conte soit fait pour la moralité ;
Prenons si juste nos mesures,
Que nous allions tout droit à notre vérité :
Que le trait soit vif, et qu’il frappe.