Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/287

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LE CHIEN ET LE CHAT

Ragotin, chien picard et sentant le terroir,
Fidéle et bien la meilleure ame
Que dans son espéce on pût voir ;
Hôte d’une maison, ne s’y faisoit valoir
Que par ses soins zélés pour monsieur, pour madame,
Pour enfans, valets, tout le train :
Jamais chien ne fut plus humain.
Vous l’eussiez vû caresser sa maîtresse,
Faire cent tours pour l’éguayer ;
Prendre sa part de joye ou de tristesse,
Selon qu’il la voyoit ou rire ou larmoyer ;
D’une lieue annoncer son maître ;
Pour le servir appeller tous ses gens ;
Caresser ses amis, de loin les reconnoître ;
Patte flateuse et point de dents.
Quelquefois dans un petit coche
De traîner les enfans il faisoit son devoir ;
Il escortoit Catos quand elle alloit le soir ;
Pour le cuisinier même il étoit tournebroche ;
Il étoit tout : aussi dans le logis
Ne comptoit-il que des amis :
J’en excepte un matou dont il tira l’oreille