Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/307

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L’ENFANT SANS SEXE

Il nâquit un enfant sans sexe ni demi,
Contraire de l’hermaphrodite.
Beautés, à cela près, et des graces parmi,
Pronostiquoient en lui le plus rare mérite.
Sur l’étonnante nouveauté
Plus d’un oracle est consulté :
Le cas vaut bien qu’Apollon y réponde.
Il dit donc que l’enfant croîtroit
Sans sexe et tel qu’il vint au monde ;
Mais qu’à vingt ans il choisiroit
D’être homme, ou femme, ou rien ; enfin ce qu’il voudroit.
L’enfant croît ; il est grand ; son esprit, sa prudence
Lui font bien-tôt une foule d’amis.
Tout sexe l’aime ; à tous secrets admis,
Dans son sein pleut la confidence.
Sur tout des tendres cœurs avocat consultant
En juge neutre il les entend ;
Regle au plus juste chaque affaire ;
Conseille, accommode les gens ;
Et sans exiger d’honoraire,
Arbitre entr’eux les frais et les dépens.
Pendant son exercice, il ne reçoit que plaintes,